dimanche 9 mars 2014

Chapitre 116: Une femme battue


Evidemment, j'avais crié un peu trop fort, et Hans m'avait entendue. J'étais terrifiée, à la fois de le voir devant moi, et aussi parce que j'allais accoucher.

"Emmène moi à l'hôpital, je t'en prie!

-Pas question, débrouille-toi. Mais fous-moi la paix avec tes gosses."

J'avais peur, mais je n'avais pas d'autres choix que d'accoucher seule à la maison...


J'étais tordue de douleur, je n'avais pas imaginé que l'on puisse souffrir autant... Mais je devais être courageuse,  je voulais que mon enfant soit vivant, je voulais pouvoir lui donner une belle vie... Je voulais m'enfuir avec lui, mais pour ça, je devais d'abord le mettre au monde. Et puis, j'ai senti que la délivrance était proche...


Et enfin, enfin, j'ai pu tenir mon bébé dans mes bras... Ou du moins, le premier, car il s'est révélé que j'étais enceinte de jumelles... J'avais donc deux petites filles dans mes bras. J'étais à la fois doublement heureuse d'être mère de deux enfants, mais j'appréhendais également la réaction de leur père... Je décidais d'appeler la première Harmonie, qui aimait la chaleur et semblait être une artiste en devenir.


J'appelai la seconde Symphonie, toujours en hommage à ma chère musique qui m'avait tant accompagnée jusqu'ici. Symphonie aimait la nature et était prête à devenir une grande athlète. J'étais si fatiguée, mais si heureuse. Pour rien au monde je ne comptais abandonner mes filles, même si m'enfuir avec deux bébés allait s'avérer plus difficile...


Au petit matin, Hans est venu voir ses filles avant de partir au travail. Après tout, il s'agissait bien de ses enfants, même s'il refusait de l'admettre... Il est resté là, à les regarder avant de me foudroyer du regard.

"Comment t'as pu faire ça, deux gosses d'un coup... Tu vas me le payer cher. Attends moi ce soir, tu vas voir."

Et il est parti. N'avais-je plus qu'une journée pour protéger mes filles?


Harmonie s'est mise à pleurer sitôt que son père n'était plus là. Lui avait-il fait peur avec sa grosse voix?

"C'est rien, ne pleure plus, maman est là, elle te protège..."

J'ai passé ma journée auprès d'elle, à leur donner biberons et bain. La soirée est arrivée bien plus vite que ce que je ne pensais, et il a bien fallu que j'aille affronter mon mari...


"Alors, t'es fière de toi?! T'as vraiment tout gâché! On aurait pu être heureux, vraiment, et toi t'arrives avec tes lardons comme un cheveux sur la soupe!
-Mais ce sont aussi tes enfants Hans!
-Prouve-le! Tu aurais très bien pu me tromper lors de tes sorties, sans me demander la permission!
-Tu te trompes! C'est faux faux!!
-TAIS-TOI!! C'est MOI qui aies raison!"


"Non!! c'est pas vrai, tu mens, tu me mens depuis le début Hans!!"

A cet instant, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je l'ai giflé. J'en avais tellement assez de cette vie de prisonnière, de ses remarques blessantes... Où était passé l'homme dont j'étais tombée amoureuse? N'avait-il donc jamais existé? Je me sentais si malheureuse, depuis si longtemps... Est-ce parce que j'avais déjà compris que je l'avais perdu?


"Espèce de garce!
-Aïe! Aïe tu me fais mal Hans, arrête!"

Il m'a attrapée par les cheveux et 'ma forcée à me mettre à terre. J'aurais du me douter que tout régler par la violence comme il le faisait si bien, n'était pas la solution... J'essayai tant bien que mal de retirer sa main de mes cheveux, mais sans aucun résultat: il était beaucoup trop fort pour moi.


Pour m'humilier davantage, et sans doute pour me faire comprendre que je n'avais plus intérêt à me rebeller, il a commencé à m'écraser la tête contre le sol. Était-ce vraiment ce à quoi j'avais droit? D'embrasser la moquette? Ne pouvais-je donc pas connaître le bonheur à mon tour? Toutes ces questions qui se bousculaient dans ma tête me faisaient pleurer.


Et puis, le téléphone a sonné. Alors Hans m'a laissée là, seule sur le sol. Peut-être pensait-il que je n'oserai pas me relever de sitôt après ça? C'est sans doute ce que j'aurais fait, s'il n'avait pas ajouté:

"Tes gosses, je m'en débarrasserait demain.
-Non!!"

Me suis-je écriée en me redressant subitement, avant de le pousser...


C'était sans compter les escaliers juste derrière lui. Surpris par mon regain d'énergie, il n'avait pas pu redresser sa garde. Il eut juste le temps de me jeter un dernier regard noir, avant de dégringoler les escaliers. Une fois en bas, il n'a plus rien dit. Il ne bougeait plus. Tremblante, je l'ai appelé.

"Hans? Hans...?"


Terrifiée, j'ai alors compris qu'il ne me répondrait pas. Et je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mise à pleurer. A pleurer toutes les larmes de mon corps. L'homme que j'aimais était... mort. Il ne me prendrait plus jamais dans ses bras... Mais mon bourreau avait également disparu. avais-je à présent droit à un peu de soleil dans ma vie...?

5 commentaires:

  1. OH BORDEL
    Hans est vraiment mort ? D:
    Pauvre Jihanne, pauvre petites...

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  2. ... O_O
    (j'allais dire quelque chose mais c'est pas bien de se réjouir de la mort de quelqu'un (a) )

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  3. :o! peut etre qu'il est pas mort, mais completement paralyser et que Jihanne pourra étaler son bonheur devant lui Mouhahaha! ... hem... enfin j'espere que Jihanne saura refermer ses blessures avec ses petites...

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  4. Génial ! On est vraiment loin des bisounours, là, et c'est plus que sympa ! interessant, prenant, réaliste... J'adore ! Merci pour ces chapitres !

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  5. beaucoup d'émotion dans ce chapitre bravo

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